The Dotmasters est né à Londres en 1972. Artiste touche à tout, il a participé à de nombreux projets et a adopté de nombreux allias (C6, Media Whore, Leon C6 et plus récemment Dotmasters). Il mêle depuis ses débuts un travail en atelier, en ligne et dans la rue. Cette dernière est pour lui un « lieu immédiat » dont l’invasion, le défigurement et l’appréciation sont le symptôme ultime de la société actuelle.

En 1997, il fonde une organisation artistique à but non lucratif, C6, qui tout en se moquant du monde de l’art deviendra une plateforme pour ceux travaillent à la marge des formes artistiques traditionnelles. Elle présente des œuvres éclectiques qui mêlent graffiti, nouvelles technologies et performances dans la rue, dans les galeries et dans les boîtes de nuit. L’organisation sera un relai pour son travail ; les collaborations, les expositions et les évènements étant organisés et initiés en fonction de sa propre pratique. Ce groupe d’artistes-activistes met fin à ses activités en 2010.

Proche de Banksy, il participe au Cans Festival organisé par l’artiste à Waterloo et intervient dans son film « Exit through the giftshop ». Il a aussi collaboré avec Martin Scorsese sur le film « Tomorrow » tourné à Londres en 2014. Il est également une force motrice du Nuart festival en Norvège depuis plusieurs années.

Il conserve dans sa carrière solo certains traits saillants de C6 : l’hybridation des genres et des techniques, l’intérêt pour la technologie et le goût du commentaire politique. Bien qu’il résiste activement à la spécialisation fréquente dans la pratique des Beaux-Arts en proposant des performances, des œuvres numériques et des statues, Dotmasters est connu pour ses pochoirs photo-réalistes. Son appétence pour cette technique lui vient d’un voyage à Paris au début des années 1980 qui lui fait découvrir Némo et Blek Le Rat.

Toujours dans l’excentricité, son style est en évolution constante, l’artiste étant constamment à la recherche de nouvelles formes esthétiques. Il reste cependant fidèle au pochoir, à un humour britannique incongru et irrévérencieux et à certains thèmes qui apparaissent de manière récurrente dans son œuvre. Sa fascination pour la pop culture par exemple a pu s’exprimer à travers la réalisation répétitive de portraits de personnalités publiques, de logos, de personnages, de signaux et d’emblèmes qui marquent l’inconscient collectif.

En ce sens, certaines pièces rappellent le pop’art, une référence que l’artiste conseille cependant de prendre à la légère. Son traitement de l’iconographie de la pop culture participe d’un refus d’une dichotomie jugée simpliste entre l’art et le marketing. Dans un esprit similaire, l’artiste a développé une fixation avec les déchets/détritus. Son exposition solo, « Trash n’ Cash » fut un succès considérable. Elle s’attelait à des thèmes comme l’identité, la monnaie et le matérialisme.
Dotmasters ironise régulièrement sur les marques et les dérives de la société de consommation, tout en travaillant pour des commandes et des grandes entreprises. Il se dit aussi à l’aise en enfer qu’au paradis, ses œuvres se trouvent au fin fond de coupe-gorges londoniens et dans les penthouse, il collabore avec des activistes comme avec des marques de luxe… Pour Dotmasters, il s’agit de ne pas craindre le contradictoire et de chercher toujours le subversif.