Momies vient de la scène graffiti traditionnelle. Passionné de lettrage, il reste fidèle à cette passion originelle, tandis que son style évolue vers l’abstraction et la sophistication.
Les lettres ont été étirées et affinées au point de devenir des lignes insaisissables et aériennes. Le nom et les lettres si chers aux traditions du graffiti ont disparu au profit du style et du mouvement. Le graffiti lui-même est réduit à l’essentiel: spontanéité, rapidité d’exécution, impact visuel.
Momies appelle la structure de la lettre au cœur de son travail des «modules». C’est le fil d’Ariane de son travail qui rend son style identifiable instantanément. Les lignes libres, impulsives, industrielles et rondes sont accumulées et disposées de manière élaborée sur la toile. Ces lignes lui ont permis de s’en tenir aux principes fondamentaux du graffiti, tout en proposant une variante contemporaine de l’art abstrait. L’automatisme de l’exécution combiné à la maîtrise des couleurs crée une illusion de mouvement et un sens du rythme. Par conséquent, une ambiance vibrante, à la fois méditative et dynamique, s’épanouit dans les compositions de Momies.
Dans cette exposition, Momies joue avec nos sens dans la manière dont il juxtapose les sujets et les fonds.
Dans Modules 19.4, nous voyons une composition et une technicité typique du travail de Momies, montrant ses modules dynamiques dans une palette de couleurs restreinte, réalisés par différents médias, tels que la peinture aérosol ou l’acrylique au pinceau et à l’éponge. Tous ces éléments se chevauchent et créent plusieurs couches de profondeur et de transparence.
Dans les Modules 19.18, ce qui aurait été considéré comme un sujet dans une autre œuvre se retrouve imbriqué dans toute la composition. Le premier plan et le fond se fondent dans un seul plan; les calques et les transparences sont travaillés de manière plus fine, de sorte que le mouvement soit créé par la gamme subtile de couleurs utilisée par l’artiste.
Pour « Obsession », Momies garde son écriture et sa signature visuelle en s’aventurant dans une gamme chromatique plus pop et des Modules plus ronds. Modules 20.03 nous rappelle les couleurs d’une sérigraphie de Warhol, ses lignes et courbes se superposent et se croisent tels des entrelacs. Cette accumulation très texturée et compacte laisse à peine apparaître le fond pour créer une énergie explosive contenue sur la toile.
Utilisant la même technique, Modules 20.01, présente une gamme de couleurs plus réduite. Ici les tracés sont plus aériens, Momies les couple avec des courbes en aplats de blanc et des jeux d’ombres grises qui provoquent chez le spectateur une sensation de profondeur dans ce chaos de puissance maitrisée.
La construction des œuvres sur papier s’inspire de la même démarche artistique avec un côté plus intime. Les dimensions des toiles permettent en quelque sorte au spectateur d’entrer plus physiquement dans l’œuvre alors que les travaux sur papier sont à apprécier de manière plus détaillée et plus minutieuse.
Momies nous emmène dans son univers de lignes et de courbes, de profondeur et d’aplats, au rythme du spectateur. Le mouvement de ses œuvres nous guidera au travers d’un parcours abstrait qu’il nous appartient de définir.
