EXPOSITION DU 22 AVRIL AU 3 JUIN 2017
L’espoir n’est pas une garantie ; c’est une forme d’énergie qui est bien souvent décuplée lors de graves circonstances.
Contrairement aux autres images visuelles, un photographe n’est pas une traduction, une imitation ou une interprétation de son sujet, il en est en fait sa trace. Aucun tableau ni aucun dessin, aussi naturaliste soit-il, n’appartient à son sujet de la manière de la façon dont un photographe se l’approprie.
Tous les photographes sont là pour nous rappeler ce que nous oublions. Dans ce sens, comme dans beaucoup d’autres, ils sont l’antithèse des tableaux puisque ceux-ci retracent les souvenirs du peintre. Étant donné que chacun de nous oublie des choses différentes, une photo peut davantage changer de signification qu’un tableau selon la personne qui le regarde.
– John Berger
L’œuvre d’Eddie Colla en tant qu’artiste de rue résulte de sa carrière de photographe professionnel. Son travail commercial comprenait des prises de vue d’une grande variété de produits, de personnes et d’industrie, notamment celle de la mode. Il a appris toutes les ficelles du métier permettant à un mannequin d’être parfait et de créer par là-même le besoin illusoire de consommation. Au fil du temps, Colla a commencé à contempler la beauté; l’authenticité de la beauté, là où repose la force dans la beauté et ce qui se cache derrière et sous la beauté extérieure. Ce croisement de la beauté et de la force a progressivement commencé à hanter ses pensées. La persévérance de la force rejaillit dans tout ce qu’il fait.
Son œuvre artistique a commencé à dépouiller l’extérieur et à réévaluer la beauté exprimée à travers l’émancipation et la force. Colla photographie ses sujets désœuvrés et en haillons, sans aucun d’artifice, afin d’atteindre leur âme, cette petite étincelle qui ne s’éteint pas, ce petit endroit intérieur qui ne se détruit pas. Cet espace, qui est universel, nous explique que nous pouvons tout subir et être forts face à l’adversité. Colla dévoile tous les concepts sociaux et économiques de l’extérieur. Ce faisant, il dépeint une personne à un moment vulnérable, primitif et magistralement brut de sa vie.
En montrant une personne telle qu’elle est, simple, naturelle, vaincue et malheureuse, elle devient ainsi réelle, abordable et plaisante. Elle ne peut rien dissimuler et la beauté physique extérieure n’est en rien améliorée. Elle est naturelle et c’est dans cet état naturel que la représentation de la force est mise en exergue. Cette authenticité des œuvres de Colla constitue un miroir qui nous permet d’être assez ouverts d’esprit pour réfléchir momentanément à notre source interne vulnérable. La force qui transparaît des sujets de Colla nous incite à nous retrouver dans la camaraderie. L’espoir émanant de ses œuvres, saisi par l’objectif de l’artiste, nous incite à chercher en nous et à tirer partie d’une ressource intérieure ; petite étincelle entretenue par une flamme. C’est un moment de beauté parsemé d’impuretés que Colla saisit si bien. C’est dans ces moments sombres que l’espoir apparaît, nous permettant d’acquérir davantage de confiance, d’endurance et de force pour accéder à la véritable beauté fondamentale, à la joie et à la paix. Cet élément essentiel est la base de notre être qui prouve que nous ne sommes pas aussi fragiles que nous le croyons. Il nous permet non seulement de survivre mais également de nous développer. En tant qu’observateur, nous pouvons nous arrêter un moment, méditer sur ces œuvres, chercher profondément en nous-mêmes et trouver un peu du courage que nous pensions avoir perdu.
Johnny Murphy